Que ce soit dans le cadre de la vie privée ou professionnelle, nous sommes des êtres humains, donc des êtres émotionnels
Pourquoi gérer nos émotions ?
Il s’agit d’une compétence transversale indispensable à acquérir, que ce soit dans notre vie privée ou professionnelle.
Nous pouvons avoir trois attitudes face à nos ressentis :
- fuir notre ressenti, ne pas gérer la situation problématique (qui reviendra de toutes façons) ;
- nous noyer dans l’émotion, nous laisser emporter et ne plus en sortir ;
- accueillir, comprendre, et effectuer une action qui me fait retrouver un état émotionnel plus confortable.
Une gestion inadaptée de nos émotions peut nous rendre réactif, susceptible d’avoir des comportements inadaptés et des raisonnements décalés, nous maintenir dans la victimisation, le processus de fuite ou d’attaque et augmenter les tensions internes, le stress, la dépendance, le laisser-aller. Nous sommes alors focalisés sur les contraintes et emplis de frustration.
En tant que manager, parents, collègues…détecter et comprendre les émotions de notre environnement est une bonne façon de maintenir des relations constructives et d’éviter les conflits.
Dans cet article, vous découvrirez quelques pistes pour mieux comprendre, accueillir, et faire de vos émotions vos alliées pour mieux répondre à vos besoins.
Qu’est-ce qu’une émotion ?
L’émotion est actuellement définie comme un état affectif intense, avec un début brutal et une durée relativement brève, liée à un objet repérable interne ou externe. C’est une réaction interne subite et intense qui traverse notre corps et notre esprit et se traduit par des manifestations psychiques et physiques ; subjectives (agréable ou désagréable), objectives motrices (mimique, gestuelle, prosodie…), végétatives (cardiaque, vasomotrice) et hormonales (sécrétion de catécholamines).
À quoi servent les émotions ? Qu’est-ce qui les déclenche ? Que cachent-elles ? Comment y réagir ? Quels sont les différents types d’émotions ? Pourquoi et comment les gérer ? Nous allons amorcer quelques éléments de réponse.
L’émotion, une alerte pour mieux répondre à nos besoins ?
Émotion, « emovere » en latin, signifie « émouvoir », « aller vers », donc se mettre en mouvement. L’émotion est un signal qui a une fonction vitale d’alerte ; elle nous transmet une information qui nous pousse à mobiliser nos ressources, nous incite à agir ou réagir pour répondre à un besoin face aux événements de la vie ou au danger, qu’il soit réel, potentiel ou perceptuel.
Les émotions, qu’elles soient confortables ou inconfortables, sont toujours utiles. Elles se manifestent de manière physiologique et nous permettent de nous adapter à notre environnement. Les émotions « désagréables » ont une fonction essentielle et paradoxalement positive qui consiste à adopter l’une de ces trois positions : combat, fuite ou soumission (figement, sidération, recherche de réconfort).
Qu’est-ce qui déclenche une émotion ?
Une émotion répond à un déclencheur (stimulus), c’est-à-dire à une pensée – consciente ou inconsciente – ou une situation, une cause qui nous est propre. Parfois lorsqu’une émotion forte nous envahit, ce n’est pas en réaction au déclencheur lui-même, mais plutôt parce que la situation nous renvoie à une situation similaire, non digérée, rencontrée dans le passé. En effet, notre cerveau enregistre toutes nos réactions face à une situation donnée, et les répète de manière automatique à chaque fois que se produit une situation similaire, et ce processus ne se fait pas forcément à bon escient. L’émotion ressentie à un moment donné est bien souvent en décalage avec la portée réelle de la situation.
Les émotions peuvent aussi déclencher d’autres émotions chez l’autre : face à quelqu’un en colère, nous risquons de ressentir de la peur. Elles sont aussi contagieuses : qui n’a pas ri aux éclats face à un rire tonitruant et communicatif ? Elles sont également partagées : la tristesse des autres nous envahit parfois aussi.
Les besoins cachés derrière les émotions primaires
Derrière toute émotion se cache un besoin.
Si nous satisfaisons ce besoin, l’émotion diminue en intensité et nous amène à plus de confort. Tant que le besoin n’est pas satisfait, l’émotion va crescendo en intensité, nous maintenant dans une sensation désagréable, pouvant même aller jusqu’à l’explosion émotionnelle.
Une fois l’émotion ressentie, il s’agit d’identifier le déclencheur, les circonstances d’apparition, et de décrypter son message, lié aux besoins qui lui sont associés.
Avant de comprendre le besoin derrière votre émotion, la première question à se poser est : « Qu’est-ce qui déclenche ce ressenti ; est-ce un fait réel ou une interprétation de ma part ? »
Exemple : Jacques passe devant moi sans me dire bonjour ; je me dis : « Il ne me considère pas !».
Le fait réel est que Jacques est passé devant moi sans me dire bonjour : c’est un fait observable.
« Il ne me considère pas » est mon interprétation. Et cette pensée interprétative provoque en moi de la colère.
Ce qui déclenche ma frustration est mon interprétation, pas le fait concret. Je ne sais pas si Jacques est en réalité dans ses pensées, s’il a d’autres problèmes ou s’il ne veut pas me dire bonjour volontairement !
Les émotions primaires
Voyons d’abord les six émotions primaires, celles auxquelles nous sommes confrontés en premier dans notre petite enfance :
La colère
Elle alerte souvent d’un manque de respect des règles et des limites, que ce soit réel ou interprété. Elle apparait face à un obstacle, un sentiment d’injustice, des dommages à l’intégrité physique ou psychique, des limites transgressées, une atteinte à notre système de valeurs. Le besoin peut être de se faire respecter ou faire respecter nos règles, d’être entendu, d’obtenir réparation d’un préjudice. La communication nous sera en ce cas très utile.
La peur
Elle alerte d’un problème lié à notre sécurité. Elle peut être déclenchée par une menace, un danger, qu’il soit réel, imaginaire ou potentiel, la confrontation à l’inconnu. Notre besoin est alors d’être rassuré ;
Il y a bien sûr différents stades de manifestation de la peur : l’inquiétude, l’appréhension, l’angoisse, la peur, le fait d’être terrorisé. A l’idée de changer de poste ou de responsable hiérarchique, je peux être dans l’un de ces sentiments ;
La tristesse
Elle est souvent la conséquence d’un problème de perte. Elle peut être déclenchée par un deuil à faire, un sentiment d’abandon, la perte de quelque chose d’important pour nous. Notre besoin est alors de recréer du lien, d’être réconforté ; ceci peut être factuel ou une interprétation de ma part ;
Imaginez : ma collègue passe plus de temps avec un autre collaborateur alors qu’auparavant, nous partagions beaucoup de moments ensemble. Si je pense que c‘est injuste, je ressentirais de la colère. Si je me sens rejetée, je ressentirais de la tristesse ;
Le dégoût
Il informe qu’une substance ou une personne est nuisible pour nous. Vous mangez un yaourt périmé, immédiatement votre corps réagit pour que vous ne vous empoisonniez pas. Le déclencheur peut provoquer une aversion physique ou psychique, qui enclenche un rejet. Le besoin est celui de préserver sa santé physique ou psychique ;
La surprise
Elle demande une adaptation rapide, face à une situation que nous n’attendions pas. Elle peut être déclenchée face à un danger immédiat, à une situation inconnue, à un imprévu. Le besoin est de s’adapter très vite, d’effectuer un changement rapide ;
La joie
Elle indique que nos besoins et nos valeurs sont respectés. Elle est déclenchée souvent par le bien-être, la réussite, l’accomplissement. Le besoin est alors de partager, de célébrer ce que nous vivons et ressentons. Nous l’oublions trop souvent.
L’échelle des émotions dans le cadre de la colère
On peut déterminer cinq niveaux émotionnels :
- la zone de confort : je suis calme, je me sens bien, je prends du plaisir, je suis à l’aise ;
- la zone de maîtrise : je commence à être irrité, agacé, à envoyer des signes de colère ou de frustration, à montrer mon déplaisir et mon inconfort ;
- la zone critique : je commence à être très frustré, mon ton monte, je ressens de l’agitation, de l’énervement, je me ferme, je ne vois plus clair ;
- la zone de danger : je ressens une émotion très intense, que j’ai du mal à contenir ;
- la zone maximale : j’explose, je perds la maîtrise, je suis hors de moi, enragé, j’agresse les autres verbalement, voire physiquement.
Les problèmes commencent lorsque ce système est mal régulé et que le signal d’alarme se déclenche à mauvais escient. Par exemple, si votre patron vous fait une remarque, même constructive, mais qui vous rappelle les critiques paternelles constantes que vous avez reçues dans l’enfance, vous allez réagir peut-être avec agressivité et vous mettre dans une situation préjudiciable, alors que la situation réelle ne nécessitait pas une telle réaction.
A l’inverse, une gestion positive de nos émotions peut nous rendre proactif, plus efficace dans l’action, nous mener vers plus d’autonomie, d’énergie, de plaisir, nous faire évoluer. Nous serons alors plus focalisés sur la joie, ouverts à plus d’options et nous augmenterons notre capacité de choix.
La conduite à tenir face à une émotion
Ce n’est pas la situation réelle qui entraîne nos émotions, mais l’interprétation de la réalité.
Dès lors, pourquoi rester dans une émotion désagréable ? Un simple questionnement permet déjà de se distancier de l’émotion :
– qu’est-ce que je ressens ? Est-ce une sensation agréable ou désagréable ? Prendre le temps de l’accueillir, de la localiser dans notre corps ;
– quel est le déclencheur de cette montée d’émotion ?
– qu’est-ce que je me dis de la situation ? Est-ce la réalité des faits ou mon interprétation de cette réalité ?
– de quelle émotion s’agit-il ? Est-ce que je sais la nommer ?
– est-ce que je suis capable d’entendre son message ? Quel est mon besoin derrière cette émotion ?
– est-ce que je peux satisfaire ce besoin ou non ?
– Si oui, l’intensité de l’émotion va diminuer.
– Si non, il est nécessaire d’apprendre à gérer cette émotion, sinon elle augmentera.
En suivant ces étapes, vous constaterez vite que votre niveau émotionnel a déjà sensiblement baissé, tout simplement parce que l’émotion aura rempli sa fonction d’alerte et que vous aurez compris et entendu le message.
Une fois nos besoins identifiés, nous pouvons essayer de réagir d’une façon plus adaptée et spécifique :
– la colère : elle est utile pour déployer une énergie nécessaire à nous défendre. Satisfaire le besoin permet de diminuer les causes d’irritation.
Posez-vous la question : « Quelle règle n’a pas été respectée ? » Est-ce que mes règles ne sont pas trop strictes ? »
Il est préférable, parfois, de réfléchir et d’affronter la raison de la colère « à froid ». Cela vous permettra de ne pas attaquer maladroitement une personne, de prendre un temps pour comprendre le point de vue et de réfléchir aux priorités ; il sera toutefois essentiel de vous exprimer. La communication non violente ou la méthode DESC peuvent vous aider.
– la peur : la question à vous poser : « Comment puis-je me rassurer ? Quelles sont mes ressources qui me sécurisent (savoir-faire, ressource matériel, relation, etc.…) ? Nous pouvons y remédier en nous donnant les moyens d’éviter le danger ou d’acquérir les ressources de l’affronter.
– la tristesse : l’exprimer et qu’elle soit entendue permet souvent de l’accepter et de mieux y faire face. Être dans l’action, se redonner du plaisir par des activités positives, voire d’obtenir un soutien psychologique si nécessaire, permet de s’en sortir ;
– le dégoût : il s’agit surtout d’éviter l’empoisonnement, qu’il soit physique ou psychique, en rejetant ou en s’éloignant de ce qui est toxique ;
– la surprise : qu’elle soit bonne ou mauvaise, elle a demandé une adaptation rapide qui a pu stresser l’organisme, donc il est nécessaire de prendre ensuite un peu de repos ou un temps de récupération, surtout s’il y a eu un choc et une réaction de sursaut ;
– la joie : il n’y a plus qu’à continuer sur cette voie !
Comment gérer nos émotions ?
Lorsque ces moyens ne sont pas suffisants pour enrayer des émotions trop intenses, d’autres solutions existent, à travers diverses pratiques (cohérence cardiaque…), voire des thérapies brèves (hypnose, TCC…) et psycho-corporelles (EFT, EMDR…), la Programmation Neuro-Linguistique. Je détaillerai ces approches dans d’autres articles.
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Je vous invite à suivre mes podcasts ou à consulter ma chaine YouTube.
A très bientôt !
Tania Lafore